Ce samedi, je retrouvais mon ami Dominic pour un nouveau tour de manège sous le chapiteau des Planet Smashers au Théâtre Beanfield. Pour l’occasion, le fleuron ska local s’est entouré de potes et qui sont aussi d’autres figures de proue de la troisième vague :

• Mustard Plug : prestation correcte et, avec l’âge, le chanteur Dave Kirchgessner ressemble de plus en plus à l’acteur Ted McGinley lorsqu’il joue Derek dans Shrinking. Pas pire contraste.
• Big D and the Kids Table : passage sur scène surprenant, surtout grâce à la présence incroyablement charismatique de l’interprète David McWane.
• Faintest Idea : un band ska punk d’Angleterre qui bûche pas mal… et qu’on a malheureusement manqué, car on était toujours au pub.

En parlant du pub…

La serveuse au bar : C’est quoi le show ce soir? Le public est «spécial»…

Dominic : C’est un show ska.

La serveuse au bar : C’est quoi ça, du ska?

Dominic : C’est du punk rock, mais avec des cuivres. C’est très joyeux.

La serveuse au bar : Ah… ok.

Dominic : C’était… c’était vraiment all the craze y’a quelques années, mais là, on dirait que les gens sont ici surtout par nostalgie.

La serveuse au bar : C’est correct [que ça ne soit plus all the craze], t’sais. Des fois, faut lâcher prise, faut laisser des affaires disparaître.

Ouch!

Bien que la relève des Smashers n’est toujours pas assurée, c’était quand même un concert bien de son temps, avec plusieurs références à la fameuse guerre commerciale du moment et un public pas si grisonnant que ça (quoiqu’on a dépassé le quota de chemises hawaïennes autorisées sous un même toit). En passant, les Montréalais sortent un nouvel album en août. Le premier single, Meet Me On The Dancefloor — joué samedi — annonce un album fort prometteur.

Sinon, j’ai parlé à mon médecin du fait que mon médicament pour l’anxiété vient troquer l’impression d’avoir une bombe dans le torse pour une envie de dégueuler constante, pis elle m’a recommandé une pilule plus soft qu’elle prescrit habituellement aux personnes âgées.

Double ouch!

Sur ce, assez d’extimité. Passons aux…

NOUVEAUTÉS À (RE)DÉCOUVRIR

Space Invaders de Q052

Q052 est un rappeur engagé mi’gmaw de Gesgapegiag, une réserve micmaque sur la rive sud de la péninsule gaspésienne. En prévision d’un troisième album à paraître le 10 octobre, il vient de balancer l’extrait Space Invaders et c’est fameux!

En plus de dénoncer l’usurpation d’identité autochtone, Q052 y va d’un flow qui n’est pas sans rappeler celui de Cypress Hill, voire même d’Eminem, sur fond de beat qui fait très musique 8-bit (pensez vieux Nintendo gris). En prime, il y a une référence aux Kids In The Hall!

Dans une autre vie, on aurait été amis pour la vie, j’vous dis.

Inland Ocean de Matt Berninger

Le dandy ténébreux en chef de The National égraine toujours les pièces qui mèneront au dévoilement de son deuxième album solo, Get Sunk, dans les bacs dès le 30 mai prochain.

Inland Ocean, qui ouvre l’œuvre, est une pièce indie rock pop à la mélodie plutôt hypnotique. Ça fait, justement, comme une vague qui soulève puis dépose tout doucement…

L’amour fou d’Indochine

Le groupe rock culte français dévoilait il y a quelques jours à peine une collaboration avec l’artiste, photographe et réalisateur David LaChapelle à qui l’on doit, notamment, les vidéoclips d’I’m With You d’Avril Lavigne et Dirrty de Christina Aguilera. Ici, ça fait très La La Land, mais au Mexique (pas un défaut en soi, ceci étant dit).

La pièce, elle, est tirée de Babel Babel, 14e album d’Indochine paru en septembre 2024. Ça fait très Indochine (pas un défaut en soi non plus, ceci étant dit).

Darcie d’Anamanaguchi

Grosse semaine musicale pour pépère André, mine de rien!

En plus de l’annonce d’une tournée inespérée d’un de ses groupes préférés⭐ qui, non seulement va s’arrêter à Montréal, mais dans une salle à la limite de l’intimité, Anamanaguchi sort un premier extrait de son prochain album et, ma foi, c’est du bon.

Aussi, tout comme ma relation avec Weezer, mon lien avec Anamanaguchi — un projet rock 8-bit — est toxique.

Quand Anamanaguchi persiste et signe dans son sillon de musique électronique plus rock et rythmée, je suis prêt à me rendre en train à Toronto pour le voir jouer leur trame sonore du jeu vidéo Scott Pilgrim vs. the World: The Game dans un bar qui a servi de lieu de tournage au film. Ma blonde, elle, en a profité pour participer à une dégustation de vins à quelques coins de rues de là car, et je cite, «No way que je vais aller voir ta ridicule affaire de punks geeks.»

C’est beau l’amour, hein?

Puis, quand le quatuor tente de s’émanciper en optant pour une posture plus pop, je décroche, je ronchonne; je fais la baboune, bref.

Mais là, avec Darcie, Anamaguchi fait justement du Weezer des beaux jours. Pépère est content!

Leur prochain album, Anyway, sort le 8 août. J’ai hâte!

you can wear a jacket or a shirt de Bibi Club et Calvin Johnson

Le duo indie rock pop local vient finalement de lancer la version revampée de son album Feu de garde.

Maintenant surnommé Feu de garde (les braises), l’œuvre propose de nouvelles pièces en complément ainsi que des refontes, dont celle-ci où Bibi Club a eu la bonne idée de recruter Calvin Johnson (Beat Happening et j’en passe) pour l’accompagner. On demeure tout de même en terrain connu : rock champ gauche, mais posé à la Stereolab, etc.

hotel lobby pianos d’André 3000

Après l’album à la flute, André 3000 y va d’un maxi carburant au piano pis, ouin, c’est vraiment que pour les fans.

D’un côté, j’apprécie que le plus ice cold des André n’en fasse qu’à sa tête et refuse de se remettre au rap, considérant que ses textes de monsieur d’un certain âge ne rejoindraient plus les adeptes (une posture qui a froissé quelques rappeurs, d’ailleurs, dont Buck 65).

De l’autre, c’est un album de jazz au piano plutôt amateur et limite comateux.

T’sais, ce n’est pas bon signe quand ta parution me rappelle Well, I Should Have... du comédien H. Jon Benjamin et que cette dernière s’avère être l’œuvre supérieure alors que, comme son titre l’indique, le principal intéressé ne sait pas jouer du piano et aurait aimé prendre des leçons.

Je vous partage surtout hotel lobby pianos car André 3000 fait référence à Take Five de Brubeck pis que je voulais étaler mes (très pauvres) connaissances jazz au passage.

Valse frustrée de Lou-Adriane Cassidy

Quelques mois à peine après avoir déballé son Journal d’un Loup-Garou, Lou-Adriane Cassidy dévoile Triste animal, une œuvre qu’elle aurait réalisée dans l’urgence et en communauté; un disque plus dans le réflexe que dans la réflexion selon ses propres dires.

Et, en ce qui me concerne, c’est aussi un LP plus relevé que le précédent, le Journal m’ayant un brin effarouché par son ambition. Bravo, bref!

Recognize Me de Maiya Blaney

C’est cool, les orgasmes, mais as-tu déjà découvert ta prochaine chanson préférée? Ça aussi, c’est un pas pire feeling. Pis le (faux) sentiment de supériorité à l’idée de la faire découvrir à quelqu’un d’autre!? J’en bave!

Immense coup de cœur, donc, pour ce brûlot rock de Maiya Blaney qui saura plaire aux fans de Phoebe Bridgers, mais aussi à celles et ceux qui aiment les Yeah Yeah Yeahs, surtout lorsque ces projets se font plus abrasifs.

L’album lié à la pièce, A Room With A Door That Closes, sort le 13 juin et s’annonce éclectique à souhait à l’écoute des deux singles précédents qui versent davantage dans le drum n’ bass (oui, oui).

OK. Les orgasmes sont aussi cool que découvrir sa prochaine chanson préférée. Mes excuses aux orgasmes.

Wedding Song de Matt Lazenby

Bien content qu’on m’ait recommandé cette pièce de Matt Lazenby, auteur-compositeur-interprète local qui ne se laisse pas cataloguer facilement.

C’est indie folk, certes, mais aussi à la fois liché comme de la pop sixties britannique (je soupçonne que son Beatles préféré était George) en plus d’être savamment déglingué à la sauce Mac DeMarco… et c’est évidemment sa propre affaire, au final, bien sûr.

Voici donc un extrait de son premier album solo paru le 9 mai dernier. Sur cette toune, on peut d’ailleurs entendre Sabrina Halde qui menait le groupe Groenland (à qui l’on doit des chansons mémorables ainsi que le fameux «en français, s’il vous plait» de PKP par la bande).

I'll Be Waving As You Drive Away de Hayden Pedigo

On se laisse avec de quoi d’un peu moins particulier que le disque de piano d’André 3000, mais de meilleur (quoique la musique n’est pas une compétition, mais vous comprenez c’que j’veux dire).

Le guitariste émérite texan Hayden Pedigo s’inspire encore et toujours de son état natal alors qu’il s’apprête à lancer un nouvel album instrumental s’inspirant presque essentiellement de la musique country, tout particulièrement l’œuvre de Merle Travis.

Pour citer NPR, Pedigo est un conteur sans mot pis I'll Be Waving As You Drive Away est justement tout un road trip. Les adeptes de Hermanos Gutiérrez vont adorer.

⭐ Beaucoup de personnes ont déjà répondu à la fameuse chronique pépère de Patrick Lagacé alors je ferai ça short and sweet : j’ai découvert Grandaddy — qui est devenu un de mes groupes préférés — en première partie de Coldplay (eh oui) il y a des années de ça. J’en parlais ici, d’ailleurs.

La première partie, c’est ce qui a va enjoliver ou faire dérailler une sortie. C’est le lieu de tous les possibles. C’est…

• la découverte (Grandaddy, justement)
• la surprise (est-ce que je retournerai voir Big D après les avoir vus en première partie des Planet Smashers? Y’a de bonnes chances!)
• la grosse rigolade (Nickelback en première partie d’Everclear au Metropolis, par exemple)
• ou encore l’argument de vente pour te convaincre d’acheter ledit billet. Est-ce que j’aurais été voir Planet Smashers pour l’énième même sans la présence de Big D et Mustard Plug? Assurément, mais c’est clair que la présence de ceux-ci a fait en sorte que je me suis procuré des billets dès la mise en vente.

Bref, je trouve ça d’une infinie tristesse qu’un chroniqueur qui a fait son pain et son beurre par sa grande curiosité en vienne à publier un pavé qu’on pourrait associer davantage à son ex-BFF Richard. Dommage!

AUSSI À ÉCOUTER/ À LIRE / À VOIR

• Hate5six.tv Projet du vidéaste de concerts hardcore Sunny «hate5six» Singh. Hate5six TV est une chaîne vidéo qui diffuse en continu des extraits de ses tournages. Mieux encore, il y a un module pour faire des demandes spéciales puisées de ses archives qui sont jouées presque instantanément avant de revenir à la programmation habituelle. Cripple Punk Mag a justement jasé du projet avec le dude.
• Cripple Punk Mag L’entrevue m’a permis de découvrir cette publication Substack qui aborde l’accessibilité universelle sous une lorgnette punk rock. Très intéressant!
• “Just because a song is viral doesn’t mean it’s good” and that’s a real problem for artists
• Patrick et le supplice de la première partie une réponse à la fameuse chronique de Patrick Lagacé via Yannick Rieu, saxophoniste de renom

À la semaine prochaine, les punk(ette)s!